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" ÊTRE SOI MÊME SANS AVOIR À S'EN EXCUSER ! "

Instantanément avec Caroline Hussar

Elle s’appelle Caroline Hussar, elle a 37 ans, 2 garçons, de 9 ans et 7 ans.

Elle est avocate au barreau de Clermont-Ferrand. Elle est aussi depuis peu autrice et elle est lauréate 2023 du prix Jean Anglade du 1er roman. Son livre « La maison aux chiens » paraîtra le 28 septembre 2023 aux éditions presses de la cité. La remise officielle du Prix aura lieu le samedi 7 octobre, lors de l'inauguration du salon du livre de Royat-Chamalières.


Quel a été ton moteur pour être avocate ?

J’ai toujours voulu faire un métier qui rende service et qui aide les autres. J’adore lire, parler et écrire. Ces compétences sont aujourd’hui la base de mon travail.



Je passe les trois quarts de mon temps à écrire et lire et puis le reste du temps à parler pour aider les gens et les défendre.


Pour toi, que signifie « être une femme rebelle aujourd’hui » ?

C’est peut-être admettre de ne pas plaire à tout le monde et d’être soi-même sans avoir à s’en excuser.

C’est donc accepter de ne pas être parfait et d’être quand même une bonne personne.


Te considères-tu comme une femme rebelle ?

Mes proches pensent certainement que je suis une femme rebelle car j’ai ce côté très très féministe. En effet tout est sujet à ça dans chaque moment de ma vie, dans l’éducation de mes fils, dans les choix que j’ai fait en tant que mère et en tant que professionnelle.

Je ne supporte pas que l’on ne laisse pas une femme être elle-même, par exemple une femme qui fait des choix particuliers, au regard de la société j’entends, comme des choix de carrière, des choix éducatifs, des choix de vie tout simplement. Alors oui je suis rebelle dans ce sens-là.


Être rebelle, c’est être féministe ?

A titre personnel je dirais que oui parce que même si le féminisme a fait d’énormes progrès, on est loin du compte à mon sens. Je ne conçois pas ma vie sans ça. Alors, si je me considère comme une femme rebelle, ça passe par mon féminisme, c’est sûr.

Être féministe aujourd’hui c’est d’accepter de voir la femme dans toutes les sphères de la vie. Mon féminisme colore tout, colore ma façon de voir le monde, de voir les autres femmes.

Je travaille dans le dommage corporel et notamment avec des personnes handicapées. Le féministe colore aussi c’est aspect-là. Par exemple, une personne handicapée va faire face à des défis, une femme handicapée en aura d’avantage. C’est ce que l’on appelle le féminisme intersectionnel. Aujourd’hui le féminisme est au cœur de très nombreuses problématiques.


Très tôt j’ai été bercée par ça. J’ai une grand-mère qui s’est occupée de moi quand j’était petite, c’était ma nounou et elle était victime de violences conjugales. Elle a mis du temps à quitter son mari. A cette époque-là, ce n’était pas très bien vue, surtout dans un petit village. J’ai une image d’elle d’indépendance, elle fumait et tous les week-end, elle allait dansait. Elle m’a appris la valse (sourire). Je la trouvais incroyable !


Ma grand-mère et mon père (son fils) m’ont dit très tôt : Il faut absolument que tu sois indépendante, il faut que tu parles.

Puis très jeune aussi, mon père m’a fait passer des coups de fils administratifs pour que je sache le faire. J’étais une enfant très timide et il me disait qu’il fallait que je sois forte.


Simone de Beauvoir disait : « on ne nait pas femme : on le devient ».


Je pense que je le suis devenue mais dans le sens conscient d’en être une, très très jeune.

Je me disais, je ferai tout comme un homme, même mieux parce que je suis une femme et que c’est trop génial !


Quand as-tu pris conscience que tu étais une femme rebelle ?

Assez jeune du coup !

Je m’en fiche un peu de ce que l’on peut penser de moi. Quand j’étais adolescente je passais beaucoup de temps à lire. J’étais un peu dans mon coin avec mes bouquins. Une de mes meilleures amies, c’était mon institutrice de CE2, j’avais 8 ans.

J’allais chez elle prendre le thé, elle m’a donné le goût de la lecture. Elle était géniale !

Elle est décédée en 2022.


Quelle est la femme qui t’a le plus marquée ?

C’est justement elle. Elle s’appelait Claudette Pironin. Elle était incroyable. Pour son premier poste d’institutrice, elle était remplaçante dans la classe de mon père. Son dernier poste, c’était ma classe, c’est drôle.

En fait, elle m’a tout apporté. Elle a été d’abord mon institutrice, c’est devenu ensuite mon amie. J’étais une élève très stressée et très perfectionniste. Mes parents me mettaient pas mal la pression pour l’école. Elle les avait convoqués parce que je me rendais malade. Elle était très présente et elle me soutenait.

A l’adolescence quand j’ai commencé à beaucoup lire, (je voulais être écrivaine, mais pour mes parents ce n’était pas un métier), elle me fournissait des bouquins qui n’était que de la description, sans une grande histoire. Elle me poussait à écrire en me disant : il n’y a pas besoin d’une grande aventure.

C’est là que je me suis mise à écrire des descriptions et ça a été un élément déclencheur pour l’écriture.

Ma passion c’est la lecture. Tout ça avec cette femme que je voyais de loin en loin. Quand j’étais à la fac on s’écrivait, on se voyait peu, on s’est toujours appelé et quelques jours avant son décès on parlait encore bouquin.


Voilà, entre elle et ma grand-mère, elles ont toujours été là, bienveillantes et là pour me guider. Créditer ces femmes pour ce qu’elles ont fait, c’est très important pour moi.


Quelles sont les conseils de vie que tu pourrais donner à une femme ?

C’est compliqué de prodiguer des conseils car chaque vie est différente.

Peut-être de ne pas écouter les autres, ni le jugement des autres… de suivre sa voie.

J’ai toujours eu conscience de la brièveté de la vie et mon métier me le confirme tous les jours.

Alors peu importe les jugements, notre passage est vraiment trop bref. Autant faire ce qu’il nous plait. Il faut être heureux.


Est-il nécessaire d’avoir encore une journée consacrée aux droits des femmes ?

Oui c’est extrêmement nécessaire !

Ce n’est pas une journée pour offrir des fleurs, des bons maquillage…

Même si le combat c’est tous les jours, cela me parait important de consacrer un jour aux droits des femmes. Il offre la possibilité de faire une pause, de penser à toutes les femmes qui nous ont portés et de leur rendre hommage. De nombreuses femmes en ont encore besoin et il ne faut surtout pas que cela devienne quelque chose de futile.


Si la femme rebelle était un livre ?

Si je parle de mon livre préféré au monde et qui me porte depuis toujours c’est celui de Charlotte Brontë, Jane Eyre. On se rend compte que Charlotte Brontë était extrêmement féministe dans son écriture, son livre est parsemé de féminisme. Dans son livre, elle a une phrase incroyable ou elle parle de la femme qui devrait pouvoir voyager, s’ouvrir au monde et qui en est empêchée. Ce livre-là, je le lis une fois par an à minima depuis que j’ai 13 ans.

Oui c’est un livre classique, oui ça parle de religion parce qu’elle était très pieuse, fille de pasteur. Jane Eyre, c’est l’histoire d’une enfant qui va choisir de suivre sa route. Il y a un passage bouleversant ou elle se trouve face à la montagne ou elle dit : je n’ai jamais vu ce qu’il y a derrière cette montagne, je n’ai jamais vu de ville, j’ai envie d’être un oiseau, d’être libre et de sortir de ma cage.

Ce n’est pas un grand livre féministe mais ce livre-là, il porte mon féminisme, c’est vraiment mon livre préféré !

C’est un livre qui ne fait pas peur, c’est une bonne porte d’entrée pour le féminisme !


Ma passion c’est la lecture ! Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus dans la dématérialisation. Nous n’avons plus le temps pour la lecture. Et pourtant la lecture aide à s’ouvrir, lire des parcours de vie, des histoires, avoir des points de vue de personnes totalement différents de nous et avoir cette empathie là c’est ce qui aide dans une société telle que la nôtre à garder l’esprit et le cœur ouverts, pour vraiment pouvoir faire preuve de bienveillance tout simplement.


Si je dois donner un conseil aujourd’hui c’est de lire ! de lire encore, de lire beaucoup et de lire toujours !



 

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